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Enseigner la révision1 à l'ère des wikis : là où l'on trouve la technologie alors qu'on ne l'attendait plus

Louise Brunette, Université du Québec en Outaouais

Chantal Gagnon, Université de Montréal

RESUME

Dans l’enseignement universitaire, on dénombre très peu d’expériences de révision sur des wikis. Dans une université du Québec, nous nous sommes lancées dans une activité de révision wiki avec des étudiants de traduction en classe de terminale, soit en troisième année. Nous avons opté pour la révision d’un texte de Wikipédia en raison, entre autres, des similitudes de l’expérience avec le marché du travail et parce que nous croyions que le wiki assurait l’atteinte des objectifs généraux des cours de révision, tels que nous les définissons. Tout au cours de l’exercice, nous avons surveillé le progrès des révisions, les interventions des étudiants sur les textes de même que les échanges entre révisés et réviseurs. Toutes ces observations sont rendues possibles par la structure, alambiquée, mais systématique de Wikipédia. Nous livrons nos réflexions sur l’expérience menée à l’Université du Québec en Outaouais et laissons à nos lecteurs enseignants le soin de décider si l’exercice leur convient. Pour nous, il a été convaincant.

ABSTRACT

In academic teaching, there are very few experiences on collaborative wiki revision. In a Quebec university, we experimented upon a wiki revision activity with translation students in their third final year. We specifically chose to revise texts in Wikipedia because its environment shares similarities with the labour market in the language industry and because we believed that the wiki allowed us to achieve the overall objectives of the revision class, such as we define them. Throughout the experience, we monitored the progress of students’ revision interventions on Wikipedia texts as well as exchanges taking place between revisees and reviewers. All our research observations were made possible by the convoluted but systematic structure in Wikipedia. Here, we report on the experiment at the Université du Québec en Outaouais and let our academic teaching readers decide whether the exercise is right for them. For us, it was convincing.

MOTS CLES

Pédagogie, traduction, revision, Wiki, Wikipédia, formation des professionnels.

KEYWORDS

Pedagogy, translation, revision, Wiki, Wikipedia, translation training.

Introduction : collaboration en ligne

L’adjectif collaboratif connaît une vogue sans précédent en traduction comme partout où intervient ce qu’il est convenu d’appeler le Web 2.0 (voir aussi O'Hagan 2011). Ainsi, la traduction dite collaborative fait‑elle florès au point que même des entreprises de traduction en font la promotion et offrent des services fondées sur cette pratique qui se généralise depuis quelque cinq ans (c’est le cas de la société Lingotek). Mais de quoi s’agit-il ? Nous empruntons à André Guyon (2010) la définition suivante : « la traduction collaborative est réalisée par un groupe de personnes qui travaillent ensemble plutôt qu’isolément. Autrement dit, à la traduction s’ajoutent des volets coordination et échanges entre les participants ». Et l’auteur d’ajouter : « la traduction collaborative et la collaboration entre traducteurs ont toujours existé ». L’histoire et la pratique de la traduction corroborent cette précision, mais, dans le contexte qui nous occupe, il faudrait ajouter que traduction collaborative est synonyme de traduction faite par plus d’une personne, en ligne. Signalons aussi que cette façon de traduire s’exerce selon deux modalités : la traduction bénévole et la traduction professionnelle.

Personne ne contestera que la grande majorité des traductions exigent une révision (Brunette, Gagnon et Hine 2005 ; Hernández-Morin 2009 ; Robert 2012). On aurait donc pu s’attendre à une pratique corollaire de la relecture, soit la révision collaborative. Or, il n’en est rien comme en témoigne une des grandes utilisatrices de la traduction collaborative, Wikipédia. En effet, la structure participative, complexe, de cette encyclopédie collaborative fait en sorte que la relecture des traductions est attribuée à une seule personne, qui a préalablement fait connaître son intention d’intervenir dans une traduction. Évidemment, cette procédure n’empêche pas un wikinaute de modifier sans permission le contenu d’un texte traduit affiché sur Wikipédia, mais ce type de manipulation n’est pas encouragé par les animateurs du célèbre site. En fait, la révision s’y exerce selon le modèle professionnel : la personne qui a traduit dépose pour ainsi dire sa traduction dans le panier RÉVISION où vient s’approvisionner celle qui estime avoir les connaissances linguistiques et encyclopédiques nécessaires pour améliorer le texte en cause. Suivent des échanges entre les deux bénévoles reconnus comme traducteur et comme réviseur par les administrateurs du wiki.

Parce que Wikipédia offre un environnement de révision et de traduction qui s’apparente, à certains égards, aux réalités de la traduction professionnelle, plusieurs universités ont mis sur pied un projet pédagogique ou un cours qui repose sur la traduction d’une page wikipédia. Nous pensons, par exemple, à l’E-translating the Wikipedia de l’université Jaume I, en Espagne (Contributeurs à Wikipédia E), ainsi qu’au cours Wiki Translation de l’université de Gdańsk, en Pologne (Contributeurs à Wikimania 2012). Or, bien que la révision professionnelle soit enseignée dans certains programmes ou cursus de traduction, il n’existait pas, jusqu’à tout récemment, de projet wiki dédié uniquement à la révision.

À l’hiver 2009, nous avons piloté un projet de wikirévision à l’Université du Québec en Outaouais (UQO). Il s’agissait d’une expérience didactique faite en enseignement de la révision anglais-français, avec la collaboration de finissants en traduction. La démarche a été inspirée par la nécessité de moderniser l’enseignement de cette matière, en réponse aux percées de la traduction automatique. Elle se situe dans le droit-fil de la traduction collaborative en ligne. L’objectif de cette expérience didactique consistait à vérifier si la wikirévision s’insère bien dans le cadre d’un cours de révision. En d’autres termes, il s’agissait de voir s’il est possible de moderniser l’approche pédagogique de la révision tout en atteignant les objectifs traditionnels du cours.

Après avoir expliqué les contextes général et particulier de l’opération, nous définirons brièvement les étapes de l'expérience avant d’en analyser les résultats d’un point de vue qualitatif. Une fois dressé le bilan de l'ensemble, nous tenterons de déterminer si ce type d’enseignement est souhaitable et améliorable et, si oui, dans quelle mesure et à quelles conditions.

 Contextes

Le caractère novateur de l’expérience d’enseignement menée à l’UQO exige qu’on évoque les tenants et les aboutissants de la réalisation du projet. Nous définirons d’abord la révision d’un point de vue général, tout en abordant brièvement la question des outils d’aide à la révision. Nous présenterons ensuite une description du cours « Révision de textes » traditionnellement enseigné à l'UQO. Enfin, nous apporterons une justification à l’utilisation de la technologie wiki dans notre cadre pédagogique.

Contexte général

Au Canada, la révision s’enseigne dans la plupart des universités offrant un cursus de traduction professionnelle. On y définit la révision comme suit : examen attentif d’un texte traduit et de son original pour rétablir, au besoin, la conformité de la traduction à des critères méthodologiques et théoriques, linguistiques, textuels et situationnels, ces critères ayant été préalablement précisés à l’auteur de la traduction. Il importe de bien distinguer la révision des opérations du type correction, relecture, évaluation, assurance de la qualité, contrôle de la qualité ou second regard (Horguelin et Brunette 1998). Réviser suppose une relation constructive entre le réviseur et le révisé.

Afin de répondre aux besoins de l'industrie de la traduction, les enseignants sont de plus en plus pressés par leurs établissements d’inclure dans leurs cours les outils technologiques associés aux pratiques langagières. Dans un contexte où la technologie occupe un champ toujours plus vaste, il est naturel de songer à l’enseignement de la révision assistée par ordinateur. Cependant, malgré le discours de certains concepteurs de logiciels, il n’existe pas d’outils d’aide à la révision. Les traducteurs et les rédacteurs ont, bien sûr, à leur disposition des correcticiels du type Antidote ou Cordial, mais il s’agit essentiellement d’outils d’aide à l’autorévision en tous points assimilables à des aides à la rédaction. De plus, les outils des types mémoire de traduction, dictionnaire électronique ou base de données terminologiques ne se distinguent en rien non plus des outils de traduction ou d’autorévision. Quant aux fonctionnalités dites de révision des traitements de texte actuels, elles conviennent uniquement aux textes à retoucher légèrement puisqu’au-delà d’une certaine densité des interventions, les textes modifiés à l’aide de ces fonctions sont illisibles.

On imagine bien, compte tenu de l’état de la technologie, que le véritable obstacle à la conception d’un outil informatique d’aide à la révision n’est pas technique. On notera, par exemple, que les concepteurs de logiciels ont mis au point des outils performants de vérification et de contrôle de la qualité des logiciels localisés. Pourquoi la révision ne profite-t-elle pas de ces percées ?

En fait, la révision est une activité essentiellement humaine. On peut même affirmer que dans un contexte technologique, la révision commence là où la technologie atteint ses limites. D’ailleurs, en traduction automatique ou assistée, n’a-t-on pas recours aux postéditeurs humains parce quela machine ne donne pas entièrement satisfaction ? Cependant, on ne doit pas s’étonner de l’inexistence d’outils destinés à la révision : la révision pallie les défauts de la traduction humaine et, sous le nom de postédition, ceux de la traduction machine2. En toute logique, l’industrie ne va‑t‑elle pas s’occuper d’abord de perfectionner ses outils d’aide à la traduction ou ses logiciels de traduction entièrement automatique avant de créer des outils de correction ? La dimension humaine de la révision se révèle aussi dans le climat de travail. Le réviseur ne doit-il pas corriger le révisé et l’aider à tirer leçon de ses erreurs ? Par exemple, une étude sur la rétroaction en didactique de la rédaction établit un lien entre les commentaires sur un texte et le fait de perdre la face pour l’enseigné (Arndt 1992 : 99). En sociolinguistique, le concept de face représente une valeur sociale positive revendiquée par tout adulte en situation de communication (Goffman 1955, cité en français dans Kozlova 2009). Chaque personne a deux faces : une négative et une positive. (…) « la face négative » (i.e. le « territoire du moi » avec ses diverses composantes), et la « la face positive » (i.e. le souci de « faire bonne figure » dans l'interaction) (Kerbrat-Orecchioni 1990 : 101), suivant Brown, Levinson et Gumperz (1987). Lors d’un échange, si la face est menacée, il y a défaite symbolique (Goffman 1955). Par exemple, la critique constitue un acte menaçant pour la face positive de celui qui la subit. Même si les recherches d’Arndt traitent de la didactique de la rédaction, les résultats obtenus valent pour la révision. On comprend que la valeur pédagogique de la révision est aussi fonction de l’habilité du réviseur à « maintenir ou à restaurer l’équilibre rituel entre les interactants » (Kerbrat-Orecchioni 2005 : 187). En d’autres termes, le réviseur doit faire preuve de tact lorsqu’il interagit à l’oral et à l’écrit avec son révisé. Autrement, le révisé sera froissé, car sa face positive sera mise à mal.

Pour quiconque veut inclure une dimension technologique à son cours de révision, le virage technologique semble résider dans l’enseignement de la révision collaborative à l’aide d’applications spécialisées. On pense entre autres à l’utilisation des sites wikis, ces sites web dynamiques dont les contenus sont modifiés et édités par les internautes. Il ne s’agit pas de technologie de traduction ou de révision proprement dite, il faut le reconnaître. Cependant, le mode d’écriture wiki est dorénavant établi et il est loin d’être exclu que la traduction ou la révision wiki s’insère d’ici peu dans le travail quotidien des langagiers.

Contexte pédagogique des cours de révision : les objectifs du cours

Au moment de l’expérience, le cours de révision s’adresse à des étudiants en fin de parcours universitaire et comprend une part d’enseignement magistral, des exercices pratiques sous forme d'évaluation formative et d’évaluation sommative, ainsi que des lectures (chapitres de manuel et articles savants à propos de la révision). Les évaluations sommatives sont surtout constituées de travaux pratiques et d'évaluations en temps limité. Lors de l’expérience pédagogique faisant l’objet du présent article, les étudiants qui le désiraient ont remplacé une épreuve en temps limité (examen) par la révision bilingue d'un texte traduit de l’anglais affiché sur le site français, ou en français, de Wikipédia. Sur les vingt-huit étudiants du groupe, huit ont tenté l’expérience wiki.

Divers objectifs sont associés à l’enseignement de la révision. Nous les passerons en revue afin de dégager la façon dont s’arriment technologie et révision dans le cadre d’un cours à l’université. Tout d’abord, en révision, il faut faire inculquer aux étudiants la notion de recul. Par recul, on entend le double fait que la révision est séparée du processus cognitif de la traduction et que le réviseur se pose comme premier lecteur du texte. Dans son rôle de destinataire privilégié, il représente le public plus qu’il n’incarne l'autorité compétente.

C’est à l’occasion de ce cours également qu’apparaît officiellement dans le cheminement pédagogique des futurs traducteurs la notion de qualité, associée ici aux critères traditionnels de la révision : code, exactitude, lisibilité et adaptation au destinataire (Brunette 2000; Mossop 2007 ; Robert 2012 : 19-22). Dans notre contexte géo-pédagogique, avant d’arriver au cours de révision, les étudiants ont été initiés à la qualité d’un point de vue pratique : ils ont appris comment arriver à une traduction de qualité. En révision, les étudiants abordent l’évaluation de cette qualité. Dès qu’ils ont intégré la notion et les paramètres qui l’informent, ils sont donc capables d’évaluer un texte, et ils ont en main les moyens d’établir des priorités (hiérarchiser les critères) au moment de revoir un texte donné. L’évaluation de la qualité est étroitement associée à la façon de percevoir le texte. Les professeurs de révision se doivent donc de provoquer chez les étudiants une réflexion sur l’objectivité. Les enseignants ne manqueront pas non plus de traiter la question de l’idiolecte (sociolecte et technolecte). Par exemple, ils amènent les futurs réviseurs à renoncer à l’objectivité absolue, sauf peut-être sur les points relevant du code linguistique3. Le formateur aide aussi les réviseurs en formation à ne pas changer le style du traducteur en imposant leurs préférences, et à respecter les technolectes propres au domaine révisé.

Puisque le cours de révision s’insère dans un cursus professionnel et qu’il est orienté vers la qualité, il nous semble le lieu tout indiqué pour présenter aux étudiants les normes relatives à la révision ou régissant l’exercice de la révision. Aujourd'hui, la pratique de la profession est presque partout guidée par ces normes, et ces dernières ont pour objet d’assurer une qualité supérieure du produit issu de leur application. (Nous classons ici les normes sur la prestation de services de traduction, lesquelles imposent la révision comme étape essentielle à la production de toute traduction de qualité, comme la norme européenne EN 15038 ou la norme canadienne CAN/CGSB-131.10-2008). Par exemple, les normes relatives à la révision font grand cas des compétences et des aptitudes professionnelles de ceux qui veulent la pratiquer selon les règles de l’art.

Lorsqu’il intervient dans un texte, le réviseur signale généralement à son révisé la gravité de l’erreur repérée. Dans cette optique, l’enseignement distingue correction et suggestion (ou amélioration). Dans cette perspective, les professeurs s’attachent à faire saisir la différence entre, pour utiliser la formule de Brian Mossop, ce qui peut être changé et ce qui doit l’être.

Autre objectif à signaler : faire des étudiants des révisés informés. C’est convaincus de la nature pédagogique de la révision que les traducteurs fraîchement diplômés devraient arriver sur le marché. En même temps, ils devraient être en possession d’outils les aidant à établir avec leurs réviseurs des relations de collaboration plutôt que des rapports hiérarchiques. L’enseignement vise aussi à les préparer au montage de dossiers en réponse aux interventions des réviseurs qu’ils jugeraient non fondées.

Pour incorporer les technologies à l'enseignement de la révision, il fallait trouver un outil qui respecte les objectifs présentés ci-dessus. La prochaine section justifie notre choix du modèle wiki.

Un site wiki ? Pourquoi ? Et Wikipédia ?

Comme nous l’avons expliqué précédemment, la révision assistée par ordinateur est encore une vue de l’esprit. Dans cette perspective, pour conjuguer l'humain et la technologie dans un cours de révision, il faut se tourner vers une des technologies de l'information et de la communication (TIC). La révision étant une activité interactive, il semblait à propos d’utiliser la formule wiki, dont le fonctionnement donne lieu à la collaboration entre les internautes. Rappelons que le wiki se définit comme un système de gestion de contenu autorisant la modification d’un site Web par tout internaute visiteur.

Pour choisir le type de wiki approprié à la situation d'apprentissage particulière à la révision, il fallait tout d'abord trouver un site crédible et connu des étudiants. Nous avons constaté que l’observation suivante de Dron (2007 : 32) au sujet des plateformes d’enseignement s’appliquait également au choix du site à réviser :

A virtual environment is also a tool and a medium, an active participant in the process, the means by which the process occurs and the place where that process happens. In such an environment, it is not enough to trust the teacher, the content and the process, but also the environment that mediates it.

Même si nous ne travaillons pas en apprentissage collaboratif, Wikipédia.org correspond parfaitement à l’exigence énoncée par Dron : les étudiants l’utilisent tous à des degrés divers et il est reconnu pour la stabilité de son architecture et la fiabilité de son contenu. D’autres avantages en ont fait le milieu de choix pour l’enseignement de la révision. En effet, il y a sur Wikipédia un besoin de révision, attesté par l’affichage d’une liste d’articles à relire (voir Figure 1 et Figure 2 ). Les consignes aux traducteurs de Wikipédia précisent d’ailleurs qu’il faut demander une relecture une fois la traduction terminée (voir Figure 3 ).

Puisqu’il y a sur le site une demande de révision (relecture dans le vocabulaire wiki), les étudiants sont plongés dans une situation réelle d’apprentissage et de révision, et les possibilités d’interactions entre le réviseur et le révisé, faisant office de client, sont quasi illimitées. À cet égard, la structure de Wikipédia favorise les discussions entre les intervenants. Ainsi, pour chaque dossier de traduction-relecture, une page auto-documentée se crée et, grâce au paragraphe « discussion », sert de lieu d’échanges entre les traducteurs, les réviseurs et les spécialistes du domaine traité dans l’article à revoir.

La variété des sujets et des degrés de difficultés rend Wikipédia particulièrement attirant pour notre enseignement (voir Figure 2 ). Cette abondance accorde une grande liberté tant aux étudiants qu’aux enseignants dans le choix du texte. Par exemple, si l’enseignant, connaissant bien le domaine, retient l’économie comme sujet général, l’étudiant choisira peut-être un article sur les banques, l’indice boursier ou le système coopératif. En outre, grâce à la notoriété de Wikipédia, la diffusion du texte à grande échelle est assurée. Pour les étudiants, la perspective d'être publiés est toujours stimulante et cette garantie se répercute positivement sur leur motivation, facteur essentiel dans l'apprentissage. Enfin, la communauté de Wikipédia propose une structure d’accueil aux nouveaux. L’aide offerte ne s’arrête pas aux pages explicatives (Contributeurs à Wikipédia B) ; elle donne aussi aux novices la possibilité de se faire parrainer, c'est-à-dire guider, par un habitué membre de la communauté Wikipédia (Contributeurs à Wikipédia D).

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Figure 1 . Annonce d’article à relire

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Figure 2 . Exemples d'articles à relire dans Wikipédia

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Figure 3 . Consignes aux traducteurs de Wikipédia

 L'expérience

Le projet de wikirévision a pris naissance dans l’esprit des enseignantes sous l’influence de leur participation aux travaux de quelques communautés wikis. Elles ont donc proposé à leur groupe une révision sur Wikipédia, mais, doutant de leur maîtrise des particularités techniques de ce type de plateforme, elles ont fait appel à un spécialiste des travaux collaboratifs pour les seconder. Ce dernier a donné aux étudiants un cours sur le phénomène général wiki et leur a offert son appui technique dans leur démarche particulière de révision.

Au cours des premières phases de l’expérience, l’accent a été mis sur le caractère ouvert et collaboratif des chantiers wikis et sur les exigences techniques de Wikipédia.

Une autre étape a consisté en la création de marches à suivre diverses venant s’ajouter à la nétiquette courante et aux consignes générales de Wikipédia, et à celles concernant la vie de sa communauté (voir Figure 4). Mentionnons que des règles parfois lourdes balisent notamment les rapports entre Wikipédiens, les échanges dans les forums et le suivi des interventions dans les articles.

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Figure 4 . La communauté wiki

Fut ensuite abordée la question de la méthodologie : assimilation du protocole des interventions auprès des personnes révisées, mise à jour de la fiche wikipédia4, inscription du degré d'avancement du travail et consultation régulière du suivi. Voici un exemple de suivi où une enseignante s’adresse à une équipe de travail. Le nom d’utilisatrice de l’une des enseignantes est Euphorbia.

Bonjour,
Il n'y a aucune activité sur votre site. Il faut y voir : la régularité est notée et prise en compte dans l'évaluation. S.v.p. me répondre et prévenir vos compagnes que le travail doit avancer.--Euphorbia (d) 12 mars 2009 à 00:45 (CET)
(Euphorbia 2009)

Comme on l’apprendra en se rendant sur Wikipédia, les participants à un projet commun ont intérêt à se constituer en groupe officiel sur le site (Contributeurs à Wikipédia A). Nous avons donc procédé à la création du groupe UQO de relecteurs et, pour ce faire, il a fallu nous initier aux arcanes de la création d’une communauté (voir Figure 5 ). Ce travail laborieux revenait aux fondatrices du groupe, en l’occurrence, les enseignantes (Contributeurs à Wikipédia C).

Figure 5.bmp
Figure 5 . Création d’une communauté de révision

Une des parties les plus difficiles a été le choix, par les étudiants, et l’approbation, par les enseignantes, des articles traduits à réviser. Souvent, il a fallu freiner l’enthousiasme des étudiants pour un article donné et insister sur le fait qu’il ne suffit pas de s’intéresser à un sujet pour bien le réviser : il faut aussi le connaître. L’environnement wiki rend cette exigence encore plus prégnante, compte tenu de tous les autres apprentissages imposés par la prise de contact avec l’univers collaboratif. Quoi qu’il en soit, une bonne proportion des participants ont constaté avoir sous-estimé le degré de difficulté du texte de leur choix.

Chaque texte choisi a été évalué en fonction de son degré de difficulté. C’est ainsi que tous les textes à relire n’étaient pas de la même longueur. Les enseignantes, se fondant sur leur expérience, ont plutôt déterminé l’admissibilité des textes en fonction du temps de révision prévu. Un texte sur le système hydrologique de l’Himalaya a été réputé plus difficile (terminologie, langue de spécialité, connaissance encyclopédique en mécanique des fluides) qu’une traduction sur un événement historique documenté comme la bataille de Cherbourg. La longueur du segment de texte choisi a été fixée compte tenu de cette différence.

Tout au cours de l’opération, on a organisé des réunions pour les étudiants. Il s’agissait tantôt de mises en commun et tantôt de dépannages techniques. À noter : une étudiante a vite dépassé les professeures sur les questions informatiques et a pris le groupe en main pour cet aspect du travail.

3.1 La tâche des enseignantes : l’évaluation

L’orientation pour ainsi dire idéologique de Wikipédia va dans le sens de la collaboration et dans le sens de la transparence ou de la traçabilité.

Le milieu wikipédia transforme l’évaluation des révisions fournies par les étudiants. Là où la méthode pédagogique usuelle consiste à donner une note sur un document définitif, le wiki entraîne une révolution. En mode wiki, chaque modification du texte est enregistrée et datée. Quiconque connaît le wiki a le loisir de consulter à tout moment la « boîte noire » du réviseur. Voici un exemple représentatif :

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Figure 6. Exemple d’une correction de l’enseignante

La partie de gauche de la Figure 6 indique les éléments retirés (-) du texte évalué et la partie de droite, les éléments ajoutés (+). Par ailleurs, s’il le veut, l’étudiant analyse ligne par ligne les corrections à son texte. En cliquant sur « Modification suivante », il accède aux autres corrections de l’enseignante. La présentation visuelle des différences entre les versions est très claire, ce qui constitue un grand avantage de Wikipédia sur les méthodes informatisées connues à ce jour. Dans l’industrie de la traduction, en effet, le réviseur effectue souvent ses corrections à l’aide de la fonction du suivi des modifications de son traitement de texte. Cependant, cette méthode montre vite ses limites puisqu’il suffit d’une densité moyenne d’interventions pour que le révisé ne s’y retrouve plus. Cette fonction du traitement de texte n’a pas été conçue pour les modifications en profondeur.

Comme nous l’avons déjà mentionné, il existe dans Wikipédia un espace de discussions entre réviseurs et révisés, public également. Pour l’enseignant, le contrôle du travail va au-delà de la qualité textuelle et traductive du document révisé puisqu’il consiste également à déterminer la qualité des échanges entre traducteur et réviseur, à mesurer le respect des consignes et à évaluer l’exploitation des possibilités wikipédia par le réviseur en formation. L’espace de discussion favorise aussi la discussion entre l’enseignant et ses étudiants. En effet, dans l’esprit wikipédia, toutes les interventions, y compris celle de l’enseignant, sont assujetties à la critique et à la contestation. Ainsi, chaque fois qu’il compare sa révision avec celle de l’enseignante, l’étudiant n’a qu’à cliquer sur « discuter » pour commenter la correction ou poser une question à son propos.

Comme en enseignement traditionnel, l’évaluation d’une révision wiki non seulement sanctionne la qualité du travail des étudiants, mais elle vérifie aussi l'efficacité pédagogique de l’expérience. Pour ce faire, l’enseignant se fonde sur les discussions enregistrées dans le « journal de bord » du wiki. Dans les lignes qui suivent, nous tenterons de mesurer cette efficacité en dégageant ceux des objectifs traditionnels qui ont été atteints dans l’opération de révision wikipédia.

 Atteinte des objectifs
La notion de recul : compréhension de la révision comme « première lecture »

Un des grands axes de notre enseignement de la révision est de poser le réviseur comme lecteur privilégié. Dans une révision wikipédia, le support, un article déjà publié, facilite l’assimilation de l’opération de révision à une opération de lecture. Par ailleurs, puisque le texte s’affiche déjà en ligne, le réviseur risquerait de ne plus se percevoir comme le premier lecteur. Il n’en est rien, semble-t-il, si l’on se fie à notre analyse des échanges entre révisés et réviseurs : d’après le contenu des pages de discussion, les réviseurs ne se sentent en rien liés aux lecteurs les ayant précédés sur le site. Par exemple, ils n’acceptent pas une résistance à leurs interventions qui s’appuierait sur un argument du type : Personne avant vous ne m’avait souligné ce que vous considérez comme une maladresse. Voir l’exemple ci-dessous (le gras est de nous). Il s’agit d’un échange entre le réviseur (Patleb940) et la révisée (Cazarines) :

Bonjour, j'ai remarqué que tu as annulé les modifications que j'avais apportées à l'article sur les Red Wings de Détroit. Vois-tu, mon but était simplement d'en améliorer la qualité linguistique, et non de te vexer. En effet, en tant qu'amoureux de la langue française et grand partisan des Red Wings, j'ai trouvé que la qualité de la langue laissait parfois un peu à désirer et que certaines informations étaient superflues ou manquaient de neutralité. La neutralité est, si je ne m'abuse, un critère essentiel dans Wikipédia. En somme, je voulais simplement apporter ma contribution pour améliorer un article qui en vaut la peine. De plus, ce n'est pas la première fois que je remarque que certaines personnes sont très protectrices envers « leurs » articles. Et moi qui pensais que les articles Wikipédia appartenaient à tous... dommage! Patleb940

Bonjour à toi! Voilà si j'ai annulé tes modifications dans l'article, et non "mon" article, ce n'est pas par vexation mais parce que j'ai trouvé que ces modifications changeaient un peu l'idée des phrases et n'apportaient rien de plus au contraire. De plus concernant la neutralité, j'ai à l'époque changé la tournure des phrases pour devenir un article neutre bien que je suis fan de cette équipe de hockey. D'ailleurs lors du vote j'ai remarqué que personne ne m'en faisait la remarque. Encore une fois ce n'est pas mon article mais l'article de tout le monde bien que vu le travail et le temps que j'ai mis dessus je reste, en effet, "protecteur". Je ne voulais pas te faire croire le contraire, j'en suis confus si c'est le cas.
Amicalement Cazarines (d) 21 avril 2009 à 11:31 (CEST).

D'accord, très bien. Cependant, si tu le permets, je tiens à t'expliquer les raisons de mes modifications. Premièrement, je trouvais qu'il n'était pas nécessaire de préciser l'appellation anglaise puisque le ça n'apporte rien au lecteur francophone. Si l'on désire connaître cette information, il n'y a qu'à consulter la page en anglais. De plus, ça alourdit le texte. Deuxièmement, le lien vers la page « profession » n'a pas vraiment rapport. […]
Patleb940 (d) 21 avril 2009 à 18:52 (CEST).
(Contributeurs à Wikipédia 2009a) (L’italique est de nous.)

À la différence des lecteurs anonymes, le réviseur Wikipédia fait partie d’une communauté structurée : cette appartenance instille en lui l’impression d’un statut particulier marqué au coin de l’imputabilité. Il se distingue du lecteur ordinaire.

Évaluation de la qualité et compréhension améliorée de l’objectivité

Il n’en reste pas moins que l’article diffusé est réputé satisfaire le public. Dans ces circonstances, le réviseur s’efforcera encore davantage de respecter les choix du révisé, particulièrement en ce qui a trait au style. Le réviseur en formation se trouve parfois confronté à une conception déroutante, pour lui, de la qualité. Il apprend en effet que la perception de la qualité en traduction est souvent déterminée par les caractéristiques personnelles (l’âge, les origines socio-économiques, la formation) ou culturelles (pays, religion) des lecteurs et du révisé, le « client ». À l’inverse, dans une salle de cours, tous partagent le même point de vue sur la qualité parce qu’ils ont reçu la même formation. La révision wiki met donc un frein à un certain type de subjectivité et crée un climat d’ouverture en favorisant l’acceptation de l’autre et de ses choix. Voici un exemple d’ouverture, tel que manifesté par le réviseur :

Bonjour, je termine actuellement mes études universitaires en traduction et en rédaction à l'Université du Québec en Outaouais (Québec, Canada) et je travaille à la relecture de l'article Controverse des deux Cambridge dans le cadre d'un cours de révision bilingue. J'ai pratiquement terminé (90%) la relecture de l'article et j'ai cru bon de traduire et d'ajouter les citations malgré votre indication initiale. Par contre, je vous laisse le soin de décider ultimement (sic) si ces passages conviennent à l'article. Pour ma part, je crois qu'ils ajoutent une dimension intéressante au texte et permettent aux lecteurs francophones de saisir toute la complexitié (sic) du débat. Au plaisir de discuter avec vous de ce texte fort intéressant!
Smarengere (d) 10 mars 2009 à 21:10 (CET).
(Smarengere 2009) (L’italique est de nous.)

Ce passage illustre bien comment le réviseur participe à la fabrication de ce que Kerbrat-Orecchioni appelle le « contentement mutuel » (Kerbrat-Orecchioni 2005 : 187), essentiel pour ménager les faces de chacun. Le réviseur utilise des formules polies, comme « j’ai cru bon », « je vous laisse le soin de» ou « au plaisir de discuter avec vous ». Il s’agit en fait d’« adoucisseurs » (Kerbrat-Orecchioni 2005), grâce auxquels se crée un climat de confiance et de bonne entente. Cette stratégie de politesse favorise l’acceptation par le révisé des corrections de Smarengere.

Identification des difficultés de la révision
 La norme et les usages

Plus encore que dans la révision traditionnelle, le réviseur wiki doit départager entre norme et usage(s) ; la difficulté se trouve multipliée en contexte wiki. En effet, les sites wikipédia, par exemple, sont différenciés par l’idiome plutôt que par la géographie. C’est dire à quel point l’application de la norme linguistique s’en trouve compliquée. La question n’est pas résolue ; faut-il favoriser la norme, englobante et universelle ou privilégier les usages régionaux et propres aux auteurs ? En wiki, et pour chaque article à relire, plus qu’ailleurs, l’apprenti réviseur doit souvent prendre position, idéalement en accord avec le révisé. Fait intéressant, sur Wikipédia, les étudiants entrent également en contact avec une langue néologisante, celle des wikinautes. Ils ont donc l’occasion de montrer leur ouverture d’esprit dès les premiers échanges avec les habitués de l’univers wiki qui maitrisent cet idiome. D’ailleurs, les wikinautes novices sont invités à se familiariser le plus rapidement possible avec les quelque deux cent cinquante termes propres à la communauté wiki. 

 Suggestion ou correction ?

Comme dans les opérations courantes de révision, la distinction entre suggestion et correction (voir Brunette 2000 ; Horguelin et Brunette 1998 ainsi que 2.2 ci-dessus) est essentielle. Qui plus est, en milieu wiki, le révisé exige souvent des explications aux modifications apportées à la traduction. Le réviseur doit être en mesure de qualifier ses interventions et de les justifier dans chaque cas : s’agit-il d’une amélioration suggérée au traducteur ou d’une correction imposée parce qu’obligatoire? Appelé à négocier avec le traducteur, parfois longtemps et dans une ambiance émotive (réactions épidermiques du révisé), le réviseur n’a d’autre choix que de bien calculer les enjeux lorsqu’il s’agit de proposer ou d’imposer une modification. Par exemple, dans Wikipédia, lorsque deux contributeurs ne s’entendent pas, c’est-à-dire lorsque leurs « faces » respectives ont été menacées trop souvent, ils ont le loisir de faire appel à un « wikipompier », qui sert de médiateur. La présence d’un wikipompier sur une page de discussion indique souvent une maladresse de la part du réviseur, comme en fait foi l’exemple suivant (les mises en relief font partie de l’original) :

Bonjour, ce bandeau indique que Alamandar a pris en compte la demande de médiation en tant que wikipompier.
Merci de patienter, une revue par le ou les wikipompiers de la discussion et de l'historique, est nécessaire pour comprendre le problème et proposer une médiation. Cette page porte sur un thème facilement sujet à controverses ; les intervenants sont donc invités à une prudence particulière.
  • Restez précis, factuels, explicites (voir Contenu évasif),
  • Restez calmes et courtois (voir Esprit de non-violence, Pas d'attaque personnelle)
  • Prenez connaissance des règles en vigueur sur Wikipédia (voir Travaux inédits),
  • Faites des propositions de consensus (voir Neutralité de point de vue et Résolution de conflit).
Merci.
Pour information, les wikipompiers sont des volontaires et ne sont pas soumis à une obligation de résultat. Merci du respect que vous leur porterez.
(Alamandar 2008)

Note : au sujet des justifications, ajoutons qu’elles devront être inattaquables sur leur qualité didactique et linguistique. Comme elles se font par écrit, du moins en principe, les relecteurs doivent veiller à ne pas être pris en défaut en raison, par exemple, d’une certaine désinvolture face à la norme, y compris le niveau de langue.

La nature pédagogique de la révision

Les demandes de justification de la part des révisés révèlent davantage, avons-nous constaté, leur souci d’apprendre à partir des révisions que leur désir d’imposer leur point de vue (se rappeler que le révisé ou « client » a officiellement manifesté sur Wikipédia son désir d’être relu). Cette bonne volonté mérite encouragement. Aussi, le réviseur est-il incité à souligner au traducteur révisé ses réussites particulières ou, à l’occasion, ses trouvailles. Sur une plateforme wiki, on ne doit jamais perdre de vue qu’on a affaire à des bénévoles qui, selon nombre d’études, trouvent leur principale motivation dans la satisfaction de rendre service à leurs semblables (voir, par exemple, Baytiyeh et Pfaffman 2010). La révision nourrira cette bonne volonté plutôt que de démotiver les traducteurs non professionnels. Le wiki est donc une occasion d’initiation à la pédagogie de l’encouragement, attitude applicable également en révision professionnelle. À cet égard, analysons l’exemple ci-dessous.

Merci de ne pas réaliser d'annulation sans invoquer de raisons en résumé. Les deux modifications orthographiques réalisées ne sont pas cohérentes (un bec en ciseaux est noir, il n'est pas noirs ; quant au mot "état" voir le dictionnaire). Je vais aussi annuler l'annulation des modifications de François Sueur, puisqu'elle n'a pas été justifiée ; sa version semble de plus davantage cohérente... et complète. VonTasha (d) 14 avril 2009 à 16:46 (CEST)
(VonTasha 2009)

Ici, le traducteur wikipédia n’a pas accepté les corrections de l’étudiant, parce qu’elles n’avaient pas été expliquées. C’est donc que la justification des révisions est ancrée dans les pratiques wikipédiennes. Les étudiants qui ne s’y conforment pas l’apprennent à leurs dépens. Ce genre de message rappelle aux apprentis réviseurs que le fruit de leur travail sera examiné à la loupe par le traducteur. En ayant en tête les besoins de son révisé,le réviseur est davantage en mesure de cibler ses propres interventions dans le texte.

Même si les qualités pédagogiques de Wikipédia s’imposent presque d’elles-mêmes, nous y avons relevé un obstacle à l’apprentissage des principes de révision. Comme nous l’avons vu à la Figure 6, les interventions de l’enseignante sont intégralement répertoriées par l’encyclopédie collaborative. Toutefois, contrairement à la pratique généralisée de la correction sur papier, rien n’est prévu pour indiquer la catégorie des erreurs notées dans Wikipédia. En correction classique, l’enseignante utilise un code grâce auquel les étudiants font la distinction entre une détérioration (DET), une sous-révision (SR) et une révision excessive (RX), par exemple. Ces codes font en sorte qu’il n’est pas toujours nécessaire de remplacer chaque erreur ou maladresse par une forme considérée comme plus juste. Pareil classement facilite la récapitulation des erreurs en classe en mettant l’accent sur les plus fréquentes. En plus du gain de temps, il y a une valeur pédagogique réelle à ne pas donner directement les bonnes réponses (Arndt 1992). Les codes de correction sont en effet très efficaces pour orienter les réflexions des étudiants à propos de leurs erreurs. Bien sûr, les conditions de travail dans Wikipédia sont similaires à celles de l’industrie, où seule compte la bonne réponse, mais un cours représente un laboratoire où chaque étudiant a l’occasion d’expérimenter et d’apprendre à son rythme. L’UQO a en quelque sorte trouvé une parade à cette difficulté en créant un deuxième cours de révision ; le premier est fondé presque exclusivement sur les principes révisionnels. Comme cet enseignement précède celui qui intègre la révision wiki, l’absence des codes porte moins à conséquence à l’étape des interventions dans une structure comme celle de Wikipédia. Si le cours enseigné est le seul cours de révision du cursus, il faudrait sans doute que l’évaluation comprenne à la fois des révisions sur papier et sur wiki.

Retombées non traditionnelles

Si le wiki répond aux besoins et aux objectifs pédagogiques de la révision, notre chantier wiki se signale aussi par ses retombées inattendues et met en lumière des objectifs à insérer dans un programme pédagogique ultérieur. En d’autres termes, l’enseignement de la révision collaborative est améliorable. Les grands principes suivants seront dorénavant intégrés dans les plans de cours de révision.

Introduction au milieu du travail

Grâce à l’expérience wiki, les étudiants ont été initiés à la relation client-langagier de même qu’à ce qu’on qualifie souvent de culture d’entreprise. En effet, le besoin de se plier à des contraintes imposées par le milieu wiki, et non par le contexte universitaire, présente une parenté avec les exigences particulières des employeurs et de la clientèle. Le wiki reproduit aussi le milieu professionnel où les révisés manifestent leurs préférences et ne se privent pas de critiquer. L’opération a démontré que la participation aux travaux d’une communauté structurée exige un effort d’intégration similaire à celui lié à l’acceptation des désidératas des donneurs d’ordre et de la dynamique professionnelle. L’aboutissement réussi de cette démarche devrait figurer parmi les objectifs à atteindre dans les cours d’introduction à la révision.

Initiation aux relations avec les révisés

Les pages de discussion et autres forums initient les étudiants à la nétiquette et au protocole d’échanges entre wikipédiens. Ces règles diffèrent fort peu de celles généralement enseignées dans les cours de révision (Horguelin et Brunette 1998), mais la révision collaborative donne à l’étudiant l’occasion de tester in vivo son assimilation des règles de bienséance efficaces enseignées en classe ou apprises au contact de la communauté wikipédia.

Initiation à la révision des non-professionnels

Si l’on tient compte de l’arrivée massive, et inévitable, de non‑professionnels dans l’activité traduisante, nos étudiants seront appelés de plus en plus souvent dans l’exercice de leur profession à réviser cette catégorie d’acteurs de la traduction. En effet, le nombre de traducteurs étant insuffisant, du moins au Canada, de plus en plus de non-professionnels vont traduire (voir, par exemple, Global Voices : http://fr.globalvoicesonline.org/). Or, force est de constater que les réviseurs en formation ont généralement l’habitude de réviser des textes traduits par des professionnels. Le commentaire qui suit illustre une frustration souvent observée au cours de l’opération wiki :

Ouf! J’ai remonté la rivière Wikipédia jusqu’au Klondike du réviseur. Malheureusement, le texte que j’ai choisi ne regorge pas d’or, mais bien de perles… je prospecterai plus qu’à mon goût!
AMB 1 avril 2007 à 22:05 (CEST) AMBrunet
(AMBrunet 2009)

La nouvelle « clientèle » des réviseurs modifie les habitudes de travail de ces derniers. Elle les oblige, par exemple, à simplifier leurs explications sans en altérer la clarté. La révision en mode collaboratif est pédagogique ou n’est pas. Ainsi, l’étudiant constate que la présence du révisé (qui peut suivre à tout moment sur le web les modifications sur son texte) l’amène à rédiger toutes ses justifications selon les règles de l’art, bien sûr, mais en s’adaptant aux besoins du révisé bénévole et non formé en traduction. L’expérience wiki confirme que la révision est œuvre de compréhension mutuelle et de collaboration :

Bonjour à vous, Jolithorax,
Vous m'avez contacté par courriel il y a peu et vu la gravité de l'erreur que j'ai commise au sujet de l'article sur l'Économie de la Tchécoslovaquie, je tenais à m'excuser publiquement auprès de vous. J'ai bien pris conscience de toutes les remarques constructives que vous m'avez faites, ceci expliquant le fait que j'ai retiré la boîte utilisateur de ma page personnelle révélant que j'étais « Relecteur », ce qui est totalement faux.
Merci pour les nombreuses informations que vous m'avez partagées et bonne relecture, pour votre part Clin d'?il!
Sleabvaositeien 15 mars 2007 à 22:33 (CET)
(Sleabvaositeien 2009)

Même si l’initiation aux wikis ne fait pas partie des objectifs des cours de révision, la popularité grandissante de ces échanges virtuels mérite qu’on attire sur ces derniers l’attention des futurs révisés. La révision de documents wikis fera bientôt partie de la quotidienneté des réviseurs. La création collaborative, inséparable du phénomène wiki, prend constamment de l’ampleur.

Reconnaître les limites de sa compétence

Pour le réviseur professionnel ou en passe de joindre les rangs de la profession, la norme déontologique s’applique sur un wiki comme ailleurs. Le réviseur wiki s’assurera de ne pas s’engager dans un article dont le sujet dépasse ses compétences encyclopédiques. Compte tenu du nombre d’articles traduits de l’anglais au français en attente d’une relecture, le choix reste vaste pour cette combinaison linguistique sur Wikipédia. Réviser dans une encyclopédie collaborative, c’est être assuré de trouver dans les textes à relire une révision à la mesure des étudiants comme des enseignants. Les uns et les autres doivent, bien sûr, exercer leur jugement dans leur choix de textes.

Dans des circonstances normales, le wiki donne au relecteur la liberté de renoncer à mener à bien une révision entamée, mais, dans l’expérience UQO, les étudiants n’avaient pas cette option, pas plus qu’elle n’existe généralement dans le milieu professionnel. Ils devaient s’en tenir au texte choisi par eux et approuvé par les enseignantes.

Entre révision professionnelle et révision bénévole

Si le recours à Wikipédia satisfait le désir des enseignants de placer leurs étudiants dans des contextes les plus près possibles de la réalité professionnelle, l’expérience s’éloigne parfois de l’idéal. Ainsi, contrairement à ce qui se passe dans les échanges du type commercial, en situation wiki, il n’y a pas d’enjeu économique pour le « client », c’est‑à‑dire l’auteur de la traduction. Contrairement au représentant de l’entreprise qui a demandé une relecture, le wikitraducteur a le temps de palabrer. Or, dans l’enseignement classique, on met les étudiants en garde contre les discussions stériles.

Exemple d’un échange où il aurait suffi d’un « oui » ou d’un « non » pour répondre à l’interrogation d’un relecteur :

Bonjour! J'en suis à réviser votre texte sur l'économie des Iroquois, et une phrase demeure obscure. Lorsqu'il est question des captifs; "il n'en existait pas moins à chaque instant un « stock » d'individus distincts des membres libres du clan", est-ce que ça signifie qu'il y avait un groupe marginalisé, mais qui demeurait libre?--Nikkie18 (d) 30 mars 2009 à 04:41 (CEST)
Bonjour. C'est vrai que la phrase est peut-être un peu elliptique... Elle veut surtout insister sur l'existence d'un groupe permanent (le « stock ») de personnes de statut inférieur, malgré le caractère temporaire que pouvait avoir ce statut au moins pour certains individus (les captifs "méritants" mentionnés en début de phrase). L'idée c'est que la pratique même généralisée de l'adoption de prisonniers ne doit pas conduire à sous-évaluer l'importance de la main d'oeuvre servile dans la société iroquoise, les flux en entrée (nouveaux captifs) venant sans cesse compenser les flux en sortie (adoptions, mais aussi exécutions voire dévorations !). La périphrase sur les « individus distincts des membres libres du clan » (je n'ai pas vérifié mais je crois l'avoir reprise assez littéralement - peut-être trop - de Stites) est là pour englober des situations diverses (les "efféminés" étaient probablement plus "libres" que les captifs) ou ambivalentes (la captivité pouvait déboucher sur l'intégration), mais dans tous les cas inférieures à celle des membres du clan à part entière.
--Fanfwah (d) 30 mars 2009 à 10:32 (CEST)
(Contributeurs à Wikipédia 2009b)

Le wikitraducteur fournissant un service bénévole estime avoir droit à une certaine reconnaissance, incompatible avec les interventions plus ou moins nombreuses du réviseur-étudiant modifiant son « œuvre ». Il s’ensuit parfois des batailles d’égo qui se traduiraient par des litiges dans le milieu professionnel.

Bilan et conclusion

Le chantier de révision wiki affiche un bilan essentiellement positif, les objectifs de l’enseignement de la révision y ayant été atteints et même dépassés. En outre, l’expérience a mis au jour une méthode pratique et vivante d'application des principes de l’activité révisante. De plus, sur wiki, l’enseignement profite d’une plateforme libre et entièrement gratuite sur laquelle tous les essais sont permis.

Nous croyons être en mesure d’affirmer que la wikirévision de nos étudiants a contribué à faire avancer la révision. En effet, la maigreur des recherches dans ce dernier domaine et la diffusion restreinte des travaux le concernant freinent l’évolution de la théorie, de l’enseignement et de la pratique de la matière. Le groupe UQO a apporté sa contribution à l’avancement de la profession et de la pédagogie. Nous sommes cependant conscientes que notre expérience wiki ne constitue pas une percée dans le domaine de la traductologie. Cependant, l’expérience et les conclusions qui s’en dégagent ont mis au jour des pistes de recherche ou d’activité, toutes plus stimulantes les unes que les autres : quelle qualité pour la révision wiki ? Faut-il créer une véritable communauté de réviseurs-relecteurs sur Wikipédia ? La wikirévision sensibilise-t-elle les révisés aux enjeux de la traduction ? La wikirévision peut-elle servir de formation professionnelle aux révisés ? Faut-il mettre en place des critères de qualité pour la révision wikipédia ?

Mais surtout, la technologie nous aura servi à démontrer, une fois de plus, que la révision est une activité essentiellement humaine.

Pour toutes ces raisons, nous recommandons le recours obligatoire à un ou à plusieurs sites wikis pour l’application des principes de révision dans le cadre de la formation professionnelle.

Bibliographie
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  • Sleabvaositeien (2009). Discussion utilisateur:Jolithorax.
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  • Smarengere (2009). Discussion utilisateur:EtudiantEco.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion_utilisateur:EtudiantEco#Guerre_des_deux_Cambridge (consulté le 23.08.2012).
  • VonTasha (2009). Discussion utilisateur:Couillardf.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion_utilisateur:Couillardf (consulté le 23.08.2012).
Biographies

brunetteLouise Brunette, Ph.D., term.a, trad.a enseigne à l’Université du Québec en Outaouais. Après une longue carrière comme traductrice, terminologue et réviseure d’entreprise, elle se tourne vers l’enseignement et la recherche. Spécialisée en révision, elle fait porter ses travaux sur cet aspect de la traduction de même que sur la postédition. En 2013, elle publiera un manuel de révision pour la formation universitaire des professionnels : Stratégies de révision.

louise.brunette@uqo.ca

brunetteChantal Gagnon, Ph.D., trad. a., est professeure adjointe à l’Université de Montréal, où elle enseigne la traduction commerciale et économique. Cette traductologue a publié des articles sur la traduction des discours politiques, sur la révision et sur la traduction du théâtre, dans des revues telles que Target, Across et Recherches théâtrales au Canada. Sa thèse de doctorat (2009), dirigée par Christina Schäffner à Aston University, portait sur la traduction des discours politiques au Canada. Enfin, Chantal Gagnon est co-gestionnaire de la liste de diffusion Translatio, un forum destiné aux chercheurs jeunes et moins jeunes en traductologie.

chantal.gagnon.4@umontreal.ca

Note 1:
On trouvera ci-après la définition du terme révision. Dans certaines universités de l’Hexagone, on utilise souvent relecture dans le même sens.
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Note 2:
À notre avis, c’est également un non-sens de prétendre mettre au point des logiciels de postédition, la postédition étant humaine par définition.
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Note 3:
La neutralité du réviseur ne s’exerce pas sur le seul code, mais l’expérience démontre qu’à l’étape de la formation, il vaut souvent mieux réserver à la norme linguistique la discussion sur l’objectivité. On ne manquera pas, toutefois, de signaler que même le code tolère des écarts légitimes (ex. : habitudes langagières d’une entreprise).
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Note 4:
Nous renvoyons le lecteur à l’encyclopédie elle-même. Il serait fastidieux de reprendre ici la description de la fiche.
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